Édito
HasLab Giant-Man, quelles conclusions ?
Avant de commencer, petit disclaimer : pas mal de points que je vais aborder ici ne sont pas le fruit direct de ma pensée. Je suis de loin le débat qui fait rage actuellement, notamment dans la communauté américaine, au sujet de ce projet. Je vous recommande donc chaudement deux des dernières vidéos d’AnthonysCustoms, le dernier podcast de l’ACBA crew ainsi que la dernière vidéo d’Xmanny87 (que je vous mettrais au fur et à mesure de l’article pour les plus déterminés).
Bon. Giant-Man est backé, c’est fait. On pourrait ne plus en parler, mais ça serait passer à côté d’énormément de choses (disclaimer n°2, il y aura peut-être un peu de redite avec mon premier édito sur le sujet, aussi bien, je vous invite à en prendre connaissance). Let’s go!
Fait numéro 1 : la campagne.
Il faut reconnaître plusieurs choses concernant cette campagne. La première, c’est qu’elle n’était pas vraiment… « Sexy » si vous voyez l’idée. Je pense qu’à peu près tout le monde peut s’accorder sur ce point. À condition de mettre de côté toute autre question (notamment celle du prix). Nous avons été habitués, et ce dès le départ avec la Sentinelle, puis avec Galactus, à des projets de plus grande envergure : un énorme item, des accessoires l’accompagnant, et surtout des figurines 6 pouces / 6 inches.
Même dans le cas de l’Engine of Vengeance (EoV), on avait ce schéma là. Mais l’échec fût retentissant, et Hasbro a décidé de revoir la formule qui, jusqu’à l’EoV, était un succès. Cela pour s’assurer justement le même succès. Le fait est que cette décision a peut-être été trop forte, trop soudaine. On est passé d’un schéma « item majeur + accessoires + une ou plusieurs figurines » à un schéma « item majeur + accessoires ».
À mon sens, il n’y avait rien de mal avec la formule en soi, mais plus avec l’offre de l’EoV. Okay, c’était les 50 ans de Ghost Rider (c’était également les 60 ans de Hulk, mais bon), okay l’occasion a fait le larron, mais Ghost Rider, je n’irais pas jusqu’à dire que c’est niche, mais… pas loin. Sans compter qu’il ne s’agissait même pas d’une offre liée à l’OG, mais à une itération très récente du personnage. C’était donc très risqué !
Couplé à un prix que beaucoup ont jugé démesuré (j’en fais partie), à une utilisation un peu frustrante des Tiers, le projet a capoté. Et Hasbro en a tiré certaines conclusions. Certaines, à mon sens, de manière juste, d’autres de façon peut-être un poil trop radical.
Fait numéro 2 : le prix.
À mon sens, le prix est okay. Et je parle du prix uniquement, pas des offres, pas de la qualité. Juste du prix. Je rappelle que pour les projets numéro 1 et 2, les backers ont payé 400 et 479,99€. Ici, le prix était de 199,99€, arrondi à 234,99€ avec les différentes taxes et frais de port. Un peu plus de 200€ pour une figurine haute de 60 centimètres de haut incroyablement articulée, c’est quand même une sacrée différence, surtout dans le contexte économique que nous traversons actuellement. Je n’irais pas jusqu’à dire qu’Hasbro nous a fait une fleur, c’est une entreprise multimilliardaire à la botte d’investisseurs et d’actionnaires, mais je trouve le deal acceptable. Peut-être pas honorable, mais entendable, acceptable. Si le prix avait franchi la barre des 250€ pour la figurine uniquement, c’est-à-dire sans les douans et frais de port, là, j’aurais sérieusement grincé des dents, et mon avis aurait potentiellement changé !
Fait numéro 3 : la qualité.
C’est un argument qui est souvent revenu tout au long de la campagne, mais pour de nombreux collectionneurs, la figurine n’est pas au top. Sans vouloir me faire l’avocat du diable, il convient de rappeler qu’on nous a présenté des renders et des prototypes. Qu’il y a une différence évidente entre voir un prototype en photos et in situ (il n’y a qu’à prendre n’importe quelle figurine dans nos collections et se souvenir du moment où on l’a eu entre nos mains pour se dire « ah tiens, je ne voyais pas ça comme ça »). Et que chacun à le droit à son avis et doit être respecté pour ça. Pour ma part, je ne suis pas un grand fan d’Ant-Man. Je n’apprécie pas spécialement les personnages d’Hank Pym, Scott Lang, la Guêpe etc. Mais j’aime l’idée de Giant-Man. Rendre compte du pouvoir d’Ant-Man, c’est compliqué, mais rendre compte de celui de Giant-Man, c’est plus simple ! Et surtout, c’est vraiment EXTRAORDINAIRE (il n’y a qu’à regarder ce dessin d’Alex Ross pour le comprendre) ! Giant-Man EST EXTRAORDINAIRE. Lire des commentaires du genre « il est trop grand« , je le respecte, mais j’ai un peu de mal à comprendre (même si je comprends très bien).
Fait numéro 4 : l’offre du marché.
À l’heure actuelle, combien y’a-t-il d’offres pour Giant-Man sur le marché ? Véritablement ? Voilà… Force est de constater qu’Ant-Man / Giant-Man, ce ne sont pas les personnages les plus populaires du rooster Marvel. Ils sont appréciés pour sûr, mais rares en sont les fans hardcore. Alors oui, bien sûr, il y la BAF de chez ToyBiz. Elle est moins onéreuse, plus rare aussi, très belle de ce que j’en lis, mais je regrette : en ce qui me concerne, même si j’avais l’argent, je n’achèterais pas cette BAF. Pourquoi ?
Parce qu’elle appartient à une autre époque, un autre temps. Elle détonnerait dans le display dans lequel je voudrais la mettre (sauf si je collectionnais les ToyBiz, mais ce n’est pas le cas). Et c’est là où mine rien, une première conclusion se présente je trouve : il y a un facteur éminemment subjectif dans ce projet numéro 4, dans la question des HasLabs, et dans le fait de collectionner.
Fait numéro 5 : les projets HasLab ne sont pas pour tout le monde.
Et ce pour bon nombre de raisons. Certains n’en ont tout simplement pas les moyens, certains n’en ont pas envie, d’autres ne sont pas intéressés par tous les projets. C’est factuel. Et c’est là que, plus que jamais, une seconde conclusion apparaît : plus que jamais donc, le modèle crowdfunding a-t-il vraiment une légitimité dans le monde de la collection ?
Un projet HasLab ne devrait-il pas être une exclusivité Pulse ou quelque chose comme ça ? Il y a vraiment quelque chose de dérangeant dans l’utilisation de ce modèle par une aussi grosse entreprise qu’Hasbro, et je trouve que ce projet remet encore plus le sujet sur la table que ceux auparavant ! Le succès ou l’échec d’un projet dépend finalement d’un agglomérat d’individus qui n’ont pas tous les mêmes avis, les mêmes objectifs, etc. Nous sommes peut-être, au niveau international, une communauté, mais nous ne sommes pas une communauté au second sens du terme. Au sens de « faire groupe, faire corps, faire sens, aller dans la même direction ». La communauté Marvel Legends, la communauté de la collection en général, est totalement hétéroclyte ! Ce n’est pas une mauvaise chose attention ! Juste, c’est un fait.
L’EoV a été un échec pour plusieurs raisons, mais en grande partie de par le caractère finalement très récent de Robbie Reyes et de sa muscle car ! Et en y réfléchissant un peu plus, je suis presque surpris que le projet Giant-Man ait été financé. Car le personnage, bien qu’emblématique, est presque lui aussi niche ! En témoignent les flims du MCU qui sont plus ou moins appréciés, mais pas tonitruants pour un sou ! Ou même sa seule présence dans la pop culture, sur nos t-shirts et nos casquettes ! Et c’est là où je me dis que ce modèle n’est peut-être vraiment pas adapté aux projets car leur succès, ou leur échec, dépend d’une communauté hétéroclite, sans vision commune.
Fait numéro 6 : chacun fait bien ce qu’il veut !
C’est peut-être LA raison pour laquelle j’écris cet édito. Je l’ai déjà dit ici, mais je ne roule pas sur l’or. Et je ne suis pas le seul. Seulement, je gère mon argent de manière optimale, je fais mes choix avec ce que j’ai, ce dont je dois m’acquitter, et ce qu’il me reste. Et s’il y un bien une chose que je ne supporte plus maintenant, c’est qu’on me dise quoi faire, quoi faire de mon argent, et qu’on m’affilie à telle ou telle mouvance.
Je prends mon exemple car c’est de toute évidence celui que je connais le mieux. J’ai choisi de backer Giant-Man car, comme je l’ai dit, je ne suis pas un grand fan d‘Ant-Man d’une manière générale (c’est puéril, mais l’homme-fourmi, sérieux…). Mais je reconnais son caractère éminemment important dans l’histoire de Marvel d’une manière générale. Avoir simplement Ant-Man, c’est un « non » presque catégorique. Avoir Giant-Man en revanche, là ça me parle ! Et comme on l’a vu plus haut, l’offre de Giant-Man, à l’heure actuelle, est quasi inexistante ! L’occasion a donc fait le larron. Je trouve le prix entendable, l’offre supportable, etc. Mais.
Entendre des youtubers comme AnthonysCustoms, au demeurant un reviewer que j’apprécie pour ce qu’il avance sur l’industrie du « jouet » d’une manière générale, pour son regard critique sur toutes les marques et surtout pour sa connaissance de l’anatomie humaine, dire à sa communauté, et à toute autre personne regardant ses vidéos que soutenir Giant-Man, c’est adresser un mauvais message à Hasbro, ça, ça ne passe pas. Je n’adresse AUCUN AUTRE MESSAGE à Hasbro que celui-ci : j’étais prêt à payer 234,99€ pour Giant-Man, en l’état. Ça ne veut pas dire que je soutiendrais chaque projet HasLab (je n’ai pas financé l’EoV, et passer à l’acte avec Galactus a été un énorme dilemme pour moi), ça ne veut pas dire que je soutiendrais tout projet HasLab reprenant exactement la même formule que Giant-Man, ça veut simplement dire que j’étais prêt à payer le prix pour cette figurine. Point à la ligne. Ce que Hasbro fait de cet acte-là, ça, ce n’est pas mon ressort, et ça n’est du ressort de personne d’autre que les instances décisionnaires chez Hasbro.
C’est réducteur, c’est même à se demander si ce n’est pas de « l’abus de pouvoir » puisqu’il détient, avec beaucoup de guillemets, le statut « d’influenceur » (un terme qui me dégoûte), et c’est justement ne pas tenir compte de l’hétérogénéité de la communauté internationale de la collection. Petit aparté cependant, je n’écris pas cet édito’ pour jeter la pierre sur Anthony Customs hein ! Je n’aime juste pas qu’on me dise quoi faire, que faire de mon argent, et ce que je dirais entre les lignes en ayant financé Giant-Man. J’ai financé Giant-Man parce que je le voulais, parce que je le pouvais, en toutes connaissances de cause, et il devrait en être de même pour chaque collectionneur, quelque soit le choix retenu. Et d’ailleurs, la critique vaut également pour ceux qui prêchent de l’autre côté : lire et entendre dire des dingueries du genre que si l’on ne back pas Giant-Man, c’est parce qu’on est pauvres, cons (des pauvres cons aussi du coup), et j’en passe, c’est d’un sacré niveau !
Ceci étant, je suis forcé de reconnaître qu’en un sens, Anthony Customs n’a pas totalement tort puisqu’en ayant financé Giant-Man, Hasbro peut l’entendre d’une manière ou d’une autre. Le refus clair, net et catégorique de la communauté internationale, aurait envoyé un signal clair, net et catégorique. Et inversement, un financement intégral en mettons 24h aurait lui aussi envoyé un signal clair, net et catégorique. Là, les choses sont plus grises. Mais au final, c’est mon argent, le vôtre, le nôtre, on en fait ce que l’on veut !
Fait numéro 7 : c’est une victoire.
Car oui, c’est le cas, la campagne numéro 4 est une victoire. Une victoire qu’à titre personnel je trouve terne, sans grands éclats, sans grand panache, mais c’est une victoire. Mais n’est-ce pas aussi une défaite lumineuse ? Je veux dire, tout s’est apparemment véritablement joué dans les 4 dernières heures, comme si c’était épuisée et lasse que la communauté avait cédée. Ça n’en dit pas un peu long quand même ?
Et c’est là où je reviens sur une des conclusions que j’ai soulevé plus tôt : est-ce que le crowdfunding est un modèle en accord avec l’acte, la pratique, de collectionner ? Je ne suis pas auteur de l’idée, même si j’y réfléchissais pendant que j’écoutais le dernier podcast de l’ACBA (que vous trouverez en début de cet édito), mais ne devrait-il pas plutôt s’agir d’une campagne avec précommande ouverte pendant un laps de temps donné ? C’est ce qui s’est passé pour la INART Superman dont je parlais aussi ici. La précommande était ouverte pendant 1 mois et demi, pas plus, contrairement à la pratique généralisée dans l’industrie de précommande active jusqu’à la sortie du produit. La figurine est dispo’ pendant x temps à la préco’, vous prenez le train ou vous ne le prenez pas. Peu importe la raison, pour un sens ou un autre. C’est cruel, mais pas plus que d’empêcher une partie de la communauté de ne pas profiter d’un produit qu’elle voudrait ou pourrait obtenir. Il y a un peu de politique de la terre brûlée là-dedans, et ça ne me plaît pas…
Fait numéro 8 : ça pourrait (encore) être une VRAIE victoire !
On l’a vu, la campagne s’est arrêtée sur un chiffre assez étonnant : à 13 889 précommandes sur 14 000 financements pour achever le projet. C’est-à-dire 111 précommandes du déblocage du dernier Tier de la campagne : la tête de Skrull. Bon. Ce chiffre en a fait sourciller pas mal (moi compris, et puis il s’est suivi de pleurs, façon de parler). J’y reviendrais plus bas, mais le fait est que cette campagne, comme celle de Galactus d’ailleurs, n’a pas été excitante ! Loin de là-même. La différence avec celle de Big G, c’est que cette dernière a fini sur un déblocage total des Tiers, et est allée bien plus loin que le Tier final ! Là, nous avons une campagne qui certes a été financée pour sa partie la plus intéressante (Giant-Man évidemment), mais dont un Tier, le dernier, n’a pas été financé. C’est donc un nouveau précédent, et en ce qui me concerne, j’ai un goût très amer dans la bouche concernant cette campagne, et son… « succès ».
Car j’adore les Skrulls. Je trouve que ce sont des antagonistes fascinants. J’adore leur design, leur mode opératoire d’invasion, et tout ce qu’ils impliquent en termes scénaristiques. J’en ai beaucoup, et avoir Giant-Man avec une tête de Skrull, ça aurait la cerise sur le gâteau. J’ai même envisagé un temps d’en prendre un second (mais financièrement, c’était impossible). Le fait est que nous n’aurons pas cette tête, et j’ose espérer qu’à la « 1027 » ou à la Comic-Con de Londres, il y aura une annonce de la part du Big Three ou d’Hasbro.
Une annonce mode « on met quand même la tête parce que 111 backers de la fin, c’est ridicule » ou mode « on remplace la face plate zombie par la tête Skrull ». Alors oui, ça serait trop beau pour être vrai, mais à mon sens, ça serait LA chose à faire de la part d’Hasbro pour redorer le blason de cette campagne (et son propre blason) ! C’est sûrement illusoire de ma part, mais en termes de PR (pour Public Relationship), c’est ce qui devrait être fait. Tout le monde se fout de la tête zombie. S’il y a un doute, qu’un sondage soit mis en place ! Je ne doute pas une seconde que rien ne se produira. On parle d’Hasbro. Mais ça serait la chose à faire à bien des égards. Certains diront que ça n’arrivera, que c’est impossible, et c’est sûrement vrai. Mais bon, ça ne change rien au fait que c’est ce qui devrait être fait…
Fait numéro 9 : le complotisme, va falloir se calmer.
Car voilà, c’est la théorie du moment, en lien avec ce que je viens de vous présenter : Hasbro aurait manipulé les chiffres pour s’éviter le backing complet de la campagne. Bon…
Je tiens cette histoire d’Anthony Customs qui en a parlé dans sa dernière vidéo. D’où tient-il lui-même cette histoire, je n’en sais rien, et ça ne m’intéresse pas vraiment à vrai dire. Je trouve que ça se tient d’un certain point de vue. Ça ne veut pas dire que j’y crois, pas plus que je n’y crois pas. Je suis assez neutre à ce sujet. Ceci étant, ce qui me pose problème, c’est que là, on nage en plein délire. Que ce soit vrai ou faux, ça n’importe pas vraiment. Ce qui importe en revanche, c’est qu’à un moment, il faut lâcher prise.
Et pourtant, je voulais vraiment cette tête de Skrull. À titre perso’, je suis même prêt à croire à cette théorie (je ne dis pas que j’y crois pour autant). Je le disais d’ailleurs dans mon premier édito’, c’est toujours d’actualité, mais avoir cette tête, ça aurait été vraiment le Graal ! Tant de scénarios auraient pu découler de cette tête !
Mais à un moment, stop : il faut savoir lâcher prise. Le projet est backé, c’est l’essentiel.
Fait numéro 10 : les collectionneurs sont des cons.
Que ça soit dans un « camp » ou dans « un autre », j’étais assez estomaqué de lire ou d’entendre certaines choses stratosphériques dont je vous ai fait part un peu au-dessus. Gardons bien en tête qu’il s’agit d’une passion, et que même si ce qui se passe en coulisses est intéressant, ce n’est pas la finalité de la passion que l’on a en commun ! La finalité, c’est que c’est une passion !
Allez, sur ce, je vous laisse sur un peu de musique ! Cest le thème de l’ACBA podcast, wink wink!