La création de dioramas

Derrière cette notion un peu bâtarde et fourre-tout de « démarche créative », il se cache forcément une histoire. Aussi bien, je pose en votre nom la question toute commune et évidente : mais comment en es-tu venu au diorama ?

C’est assez marrant quand j’y repense. J’ai réellement commencé ma collection le Samedi 26 octobre 2019 dans la soirée (il était 21 ou 22 heures). J’ouvre à ce moment là un achat « de dépit » : la version 80ième anniversaire d’Iron Man de la gamme Marvel Legends, produite par Hasbro.

Ce qui est étrange, c’est qu’à l’époque, je savais vaguement ce que j’avais acheté, mais je n’en percevais absolument pas l’amplitude. Je sors la figurine de son packaging, je bouge deux trois trucs, une jambe, un bras, ce genre de choses. Et puis je me rends compte que je peux bouger la cheville, piler un coude. Et là, ce morceau de plastique se met à prendre vie sous mes yeux. Et pour beaucoup d’entre vous, d’entre nous, j’imagine que c’est ce qu’on a vécu à ce moment-là. Ce n’est pas seulement un personnage que l’on aime qui prend vie, c’est la matière (bon sous notre action, mais quand même !) ! Ça met un coup à l’esprit ! En tout cas ça en a mis au mien !

Et c’est là où j’ai su que c’était foutu. Je reviendrais sur toutes les étapes de ma collection plus tard, mais ça, c’est la base, pour le contexte.

Quelques mois plus tard, alors que ma collection grandissait timidement (mais de manière déterminée quand même, il faut le dire), mon anniversaire approche. Ma copine, qui s’est alors un peu intéressée au sujet voyant que celui-ci tendait à me dévorer, s’est donc mise en tête deux choses : m’offrir une partie du nécessaire pour me lancer dans la Toy Photography, et me faire un petit diorama réalisé par ses soins !

Le jour de mon anniversaire donc, ça a été une énorme surprise, et deux nouveaux points d’accroche avec l’acte, le fait de collectionner ! Car on ne s’arrête plus vraiment à « collectionner ». Dans le cas de la Toy Photography comme dans celui du diorama, on parle de mise en valeur. On découvre encore autre chose.

Je lui demande donc un truc du genre « mais c’est fait en quoi ?« . Et je me rends compte que ce n’est pas grand chose de plus que du carton repeint couleur brique. En gros, trois fois rien. Alors je me renseigne à peine plus, et je m’aperçois que le polystyrène (expandé, on y reviendra) est souvent utilisé pour faire des dioramas.

Alors à ce moment là, mes yeux et mes oreilles se changent en détecteur de polystyrène : là où je travaille on a reçu de nouveaux écrans d’ordinateurs ? Je récupère le polystyrène. Mon beau-père veut jeter le polystyrène de son nouveau frigo ou que sais-je ? Qu’il ne le jette pas : J’ARRIVE.

Et voilà que je me mets à peindre du polystyrène (expandé, toujours). J’en peins des tonnes. Des tonnes et des tonnes, je passe mes semaines de congés à peindre pendant la journée en écoutant de la musique.

Je me fais de longues sessions, et puis l’hiver arrive. Et le problème avec l’hiver, c’est la lumière naturelle qui devient une denrée rare (et une denrée à laquelle je suis dépendant), et donc je me calme. J’arrête même. Jusqu’en… mars/avril 2022 où, pour raison médicale, je suis placé par ma généraliste en arrêt de travail. Je ne sais pas trop quoi faire alors je regarde tout ce polystyrène accumulé au fil du temps. La lumière est bonne, aussi bien je me remets dans le diorama. Mais sur ce coup-ci, je m’arme.

Noël 2021, je mets sur une liste de cadeaux que je veux un Dremel pour mes petits travaux sur mes figurines, et mon meilleur ami (Billy je t’aime) se décide à me l’offrir ce grand fou ! Alors à ce moment-là, je m’essaye à quelques travaux sur de l’expandé. Et là, c’est la cinglerie !
Car de petits blocs de vulgaire polystyrène expandé, je crée des reliefs, des petites montagnes ! Là, je me prends un deuxième coup sur la tête ! Un énorme coup même ! Quelque part, à ce moment-là, on devient omnipotent, et ça fait une très drôle de sensation. Et c’est quelque chose qui m’a profondément marqué !

Je passe donc ces quelques semaines d’arrêt de travail à tailler des rochers dans le but d’embellir mes décors.
Je découvre entre-temps le polystyrène extrudé par le biais de la chaîne Parlons dioramas que je vous recommande à tous, et mes rochers un peu fragiles deviennent de la roche qui trompe mes amis et ma famille ! Je ne dis pas que ce que je fais est parfait, mais je m’en contente, et c’est déjà pas mal !

Alors maintenant que vous en savez un peu plus sur mon histoire, quelle est ma démarche créative ?

En quelques points, la voici :

– ne pas chercher à reproduire l’existant. La perfection est inatteignable, je la trouve même malsaine (et sa quête pour l’atteindre encore plus). Aussi bien, ce que je fais n’est pas parfait. C’est un contrat que je passe avec tout le monde, « client ou non »
Il ne faut pas oublier que bien que nos figurines au 1/12ième sont réelles, elles ne sont que des représentations de choses réelles : une personnage sur une page de comics, un acteur jouant ce même personnage. Même les plus beaux headsculpts à l’échelle 1 ne reproduiront jamais le réel du visage d’un acteur. Ce que je fais donc, c’est une approximation, pas une tentative de reproduction. Je la veux la plus proche du réel, mais ça s’arrête là

– ma préférence de dioramas s’oriente plus vers ce qui est naturel, ou la combinaison du naturel et de l’artificiel (les ruines notamment). De facto, tout ce qui est purement « humain » (des rues, des complexes), ce n’est pas trop mon truc. Ça ne veut pas dire que je ne peux pas y faire, ça ne veut pas dire non plus que je ne veux pas y faire, c’est juste que je préfère le naturel pour la raison que j’ai évoqué un peu plus haut

– faire du ouf avec du cheap : je ne mentirais pas ici, je n’utilise pas de la hauteur peinture, de hauts outils, de hautes matières, et ce pour des raisons que j’étayerais ultérieurement

– récupérer au maximum depuis l’ailleurs. J’y reviendrais aussi ultérieurement, mais ne nous leurrons pas : notre passion n’est pas très écolo’. Il y a bien pire, on est tous d’accord, mais il y a aussi bien mieux. Aussi bien avant de jeter quelque chose maintenant, je cherche à récupérer de la matière qui peut me servir. Je vous montrerais quoi par exemple

– en dernier lieu, point éminemment important, autant que le premier à mon sens : faire en sorte que l’on s’éclate ensemble, et que l’on soit satisfaits tous les deux. Quelque part : soyons sérieux, le client n’est pas roi.

Voilà ! Ma démarche créative est ce qu’elle est : elle n’est pas novatrice mais je la pense franche et j’espère que ça sera apprécié !