Darkseid : une blessure qui ne guérira jamais vraiment...
Parler de Darkseid et de ses représentations tangibles, articulées comme fixes, c’est toucher à un sujet épineux pour moi. C’est parler de ce qui a à peine été un temps, de ce qui ne sera pas, ou du moins de ce qui ne sera jamais vraiment. Parler de Darkseid, c’est parler de la Knightmare Sequence.
La Knightmare Sequence, c’est ce passage où au moins la moitié des spectateurs se sont regardés lors de la projection de “Batman V. Superman – Dawn of Justice” d’un air hébété mode “tu as compris toi ?”.
Il s’agit de ce rêve, comme prémonitoire, ou plus exactement de ce cauchemar que Bruce fait alors que le décryptage de la clé de Lex Luthor débute. Un songe menant à des pistes toutes plus folles que les autres : imbrications quantiques ? Voyage dans le temps ? Réalités alternatives ? Mondes parallèles ? À ce moment précis du flim, le monde de DC Comics ne m’a jamais paru aussi vaste (tout en restant relativement cohérent) qu’il ne l’a jamais été. Et regardez où on en est maintenant…
Alors je ne veux pas paraître pour ce que je ne suis pas, mais sérieusement, y’avait-il vraiment besoin de comprendre ce passage pour l’apprécier ? Dans cet aparté d’environ 5 minutes, on rencontre le Batman le plus stylé de tous les temps, on évolue dans une ambiance rarement aussi bien traitée au cinéma, un monde véritablement post-apocalyptique, et on découvre que Superman, l’homme de demain, n’est plus du tout ce qu’il est supposé être, qu’il en est même devenu l’absolu opposé. Et surtout, on comprend que quelque chose, on quelqu’un d’autre, règne sur les ruines de notre monde…
Ce quelqu’un, c’est Darkseid.
Alors je ne suis pas un spécialiste de comics, autant chez DC que chez Marvel, mais comme un peu tout le monde ici j’imagine, j’ai quelques connaissances.
Darkseid, c’est un peu l’équivalent de Thanos chez Marvel. Ce n’est peut-être pas l’être le plus puissant de l’univers, mais il est la personnification première d’une force opposée et déterminée face à nos héros. L’antagoniste ultime.
Il est le Seigneur de la planète Apokolips, un monde de feu, un avatar de nos Enfers. Un truc que Snyder a bien saisi.
Sans apparence concrète dans le second film de Snyder, il n’en reste pas moins effrayant. Sa mystification dans la voix à la fois terrorisée et admirative d’un Lex Luthor aux portes de la folie, prisonnier d’Arkham, est si contagieuse que l’on en viendrait même à avoir peur de le voir. Comme si sa vue pouvait nous tuer.
Dans cette scène, on comprend que, SPOILER ALERT, la mort du dernier Kryptonien est le signal que Darkseid attendait pour passer à l’action. On comprend que quelque chose d’important vient de se jouer, et tout n’en est que souligné d’une maître par l’introduction de Zack Snyder sur son cut de Justice League.
Je veux dire, il fallait vraiment comprendre ces différentes séquences pour se sentir lové par cette sensation terrible de danger et de menace ?
Toujours est-il qu’une fois Batman v. Superman sorti, beaucoup de choses se sont produites, et une fois de plus, je me permets de vous orienter vers la petite série de vidéos du YouTuber Guillaume Cassar si vous voulez un peu de vulgarisation sur ce vaste sujet :
Nous en venons donc une fois de plus à Zack Snyder’s Justice League. Une fresque super-héroïque unique de 4 heures. Un film comme on en voit rarement…
Alors posons nos cartes sur table : le flim a beau être un exploit, il rend partiellement justice à ce personnage certes assez méconnu en France, mais pour autant extrêmement intéressant (et stylé).
Dans un premier temps, et c’est bien évidemment voulu puisque ce flim était censé être la première partie d’un ensemble initial de deux, on ne le voit pas assez.
Dans un second temps, je dois admettre être assez partagé par son design. C’est comme si la base était là mais qu’il n’était pas totalement fini.
Tout ceci ne l’empêche pas d’avoir une présence à l’écran vraiment dingue, notamment par ces rares lignes de dialogue ou ses postures simples mais clairement menaçantes.
Alors oui, voilà, je l’ai dit : le design de Darkseid façon ZSJL ne me convainc pas à 100%. Il y a un côté effets visuels pas parfaits. Loin de moi l’idée de comparer la concurrence et les univers, mais quand on regarde Thanos dans Infinity War et Endgame, on a quelque chose d’extrêmement propre.
Et pour cela disclaimer : je n’en veux à personne si ce n’est aux merdes de Warner Bros. qui ont coulé le bateau à la base, car le taff’ abattu est énorme quand on connait un peu les coulisses de l’histoire.
Mais voilà, le design de Darkseid n’est à mon sens pas parfait. Il est peut-être le résultat complet de la vision de Snyder, mais sur ce point je pense qu’il y avait des choses à améliorer. Et je parle uniquement de son design, pas de sa personnalité ou de comment il est montré à l’écran, de sa prestance. Ça, même si je ne suis pas un spécialiste du Seigneur d’Apokolips, je pense que Snyder l’a bien saisi. Ou à défaut : ce qu’il m’en a proposé m’a totalement convaincu.
Car même si son apparence me pose un peu problème, je « crains » malgré tout ses apparitions. On comprend bien qui il est.
Alors voilà, Justice League n’a pas été le phénomène qu’il aurait dû être (enfin en un sens, si), la faute à, comme je l’ai dit, les têtes (non) pensantes de chez Warner Bros. Mais comme vous avez dû le comprendre maintenant, sans être un fanboy, j’applaudis le travail de Snyder sur cet univers. Et pour moi, une représentation d’un personnage n’a de sens que si il a quelqu’un face à lui. Il y a des exceptions qui se suffisent à elles-mêmes, mais elles sont rares et souvent quelque chose me gêne dans leur présence seule.
Et puis les antagonistes ont souvent raison, et souvent la classe. Et Darkseid ne fait pas exception. Il y a quand même un truc dans le mal, dans la noirceur, qui fait classe.
Et puis rien que par respect et disons-le clairement adoration pour Snyder, il me fallait Darkseid. Pour ce qu’il a tenté de mettre en place dans le grand paysage des flims de super-héros, il me fallait Darkseid.
Mais comme nous allons le voir, avoir une représentation physique du personnage n’est pas facile, et surtout, n’est pas à la portée de tout le monde…
Chez Weta Collectibles, c’est plus de 1000€. C’est Prime One, entre 2 et 3000. Même chose chez Queen Studios. Chez Funko Pop, c’est une vingtaine d’euros. Mais bon, c’est Funko Pop quoi. Chez 108Toys, c’est dans les 300/400€ Et chez Iron Studios, dans les 200/300€.
Alors oui, vous le voyez bien, il y a des occurrences tangibles de Darkseid. Mais les prix foutent le blues (je veux dire, 20 balles pour une Pop, c’est cher ! 🤣), et surtout, elles sont toutes ou presque statiques. Car à l’heure actuelle, il n’y a pas de Hot Toys Darkseid. Il n’y a pas non plus de MaFex Darkseid. Soyez assuré·e·s que si ça arrivait un jour, la préco’ dans les deux cas serait instantanée.
Mais il y a une McFarlane Darkseid.
McFarlane, c’est une marque que je connais depuis très longtemps, du temps où j’allais dans un magasin de figurines à Grenoble, malheureusement disparu, et où je bavais des heures durant devant leur ligne liée à Halo sans pour autant avoir jamais réussi à franchir le pas.
Mais McFarlane, c’est surtout la marque créée par un grand des comics, à savoir Todd McFarlane, qui est derrière pas mal de grands arcs de Spider-Man, et surtout le créateur de Spawn. Sans vraiment le connaître, c’est un mec que je n’apprécie pas énormément, mais dont la marque s’est fait quand même une place de choix dans le secteur de la figurine articulée. Et l’une de ses grandes licences, c’est DC Comics.
Alors quand la Snyder Cut est sortie, ça a été l’avalanche de figurines : Batman, Superman, Wonder Woman, Steppenwolf et donc Darkseid.
Deux versions ont été annoncées : celle de l’Âge des Héros, et celle vue lors des événements du film. Et autant vous dire que je me suis jeté sur cette dernière. Pas vraiment le choix. Un constat un peu amer suivi d’un autre : cette review, ça ne va pas être une partie de plaisir…
Enfin en un sens si car jusqu’à présent, je n’ai eu que des éloges pour les figurines dont j’ai parlé. Mais là, l’exercice est différent car vraiment, McFarlane, ce n’est pas ma came, et je peine à comprendre qu’on puisse défendre cette marque (ce qui ne veut pas dire que je ne comprends pas qu’on puisse, juste, je peine).
Alors je vous préviens d’emblée : il y a une fin douce amère à cet article. Mais on va quand même devoir mettre les mains dans le cambouis. Avant de commencer, il est important de vous préciser que, que je le veuille ou non, je suis de l’école Marvel à la base, et de l’école Marvel Legends par-dessus le marché.
Les Marvel Legends sont pour moi la base, tout ce qui n’est pas de leur niveau ne mérite pas vraiment d’attention. Sauf exception donc. Pour autant, ça ne veut pas dire que je vais passer cette review à comparer. En tout cas, je vais essayer.
Il est à noter aussi que Darkseid version Snyder, c’est un design très complexe, aussi bien SPOILER ALERT #002, la marque s’en sort avec les honneurs.
Commençons par le commencement : le sculpt. Il n’y a rien à dire, et j’ai pu vous paraître comme sévère jusqu’ici, mais le sculpt, c’est vraiment le point fort de cette figurine. C’est presque la raison pour laquelle je l’ai achetée. Même si les traits de Darkseid ne sont pas parfaitement identiques à ceux vus dans le flim, on voit bien le personnage. Et il en va de même pour son armure ou même la texture de sa peau. C’est vraiment LA force de cette figurine. Rien à dire vraiment. C’est beau, ce n’est pas parfait mais c’est soigné. Le truc, c’est que ça ne fait pas tout.
Car on arrive au cambouis : la texture de la figurine. C’est difficile à expliquer, et je le mets évidemment sur le coup de mon “éducation” Marvel Legends, mais avoir en mains une McFarlane, ça n’a rien à voir avec une Marvel Legends. C’est… moins.
Je n’arrive vraiment pas à trouver les mots, mais il y a plein de détails ici et là qui nuisent à la figurine : les pins excessivement bien visibles au niveau des genoux et des coudes, des poignets aussi, et les énormes encoches au niveau des épaules/biceps. La texture de la peau, indéniablement présente, fait cheap.
C’est vraiment une question de paradigme dans mon “éducation” je pense. Si ma collection avait débutée par McFarlane, peut-être aurais-je un sentiment négatif sur les Marvel Legends.
Mais voilà, c’est un peu mon sentiment sur McFarlane d’ailleurs : je sens bien que ce n’est n’est pas de la merde, mais pourtant, je trouve que ça fait cheap, et encore plus quand on met ça en parallèle avec le prix.
Et c’est là où on arrive au point noir de cette review : les accessoires. Car si niveau sculpt, articulations et on le verra un peu plus loin, paint job, la figurine s’en sort plutôt, les accessoires, c’est le quasi-néant, et il y a des choses que je ne peux vraiment plus supporter. Au rayon accessoires, on a donc : un micro socle pour faire tenir la figurine debout, une trading card, et la lance vue dans la séquence de l’Âge des Héros.
C’est… d’une tristesse sans nom. Et on va entrer dans le détail point par point.
On a un donc un petit socle. C’est bien, mais à ma connaissance, Darkseid marche sur ses deux pieds. Alors je chipote pour me mettre en jambes car un socle aide bien à tenir la figurine en place, mais n’y aurait-il pas eu quelque chose à faire ? Du genre un tas de ruines sur lesquelles Darkseid régnerait ?
On a ensuite la trading card. Alors si aux US ça a sûrement du succès, en France, je ne suis pas certain que cette pratique soit un triomphe (je n’ai pas cherché pour autant). Sans compter qu’il s’agit de la même que celle de la version de l’Âge des Héros, mais en noir et blanc. Ce qui n’est pas accurate.
Et pour finir, nous avons donc la lance de Darkseid dans la séquence de l’Âge des Héros. Alors c’est sympa hein. C’est un petit bonus cool. Mais en soi, la version avec armure complète ne tient pas cette lance dans les évènements du film. Aussi bien, il l’a balancé 3 jours après s’être réveillé de son coma après qu’Arès lui ai enfoncé sa hache dans l’épaule. On a donc pour le moment trois accessoires quasiment inutiles et non raccords, et une liste d’absents à en perdre la tête.
Heads and hands. C’est le nerf de la guerre dans le domaine de la figurine articulée : il faut des variations au niveau des mains et au niveau des headsculpts. Toutes les marques semblent l’avoir compris, mais McFarlane a l’air d’être particulièrement long à la détente de ce que j’en vois encore récemment (même s’il me faut admettre qu’il y a de l’amélioration).
Car la figurine ne présente qu’une seule et unique option : un HS neutre, une main gauche légèrement ouverte et une main droite tenant la lance.
C’est SU-PER.
Non c’est vraiment super. C’est top. C’est génial. Payer 33€ pour une figurine qui ne peut rien faire à part prendre sa pose iconique, mains dans le dos, c’est vraiment top ! Je ne pense pas être généralement du genre à trop me plaindre, mais là, il y a de quoi. Techniquement, on a deux mains d’action et un HS neutre. C’est cool d’avoir l’option, mais c’est quand même pas mal d’avoir un HS d’action avec des mains d’action non ?
Et donc, surtout, on a un jeu de mains asymétriques situationnels. Depuis maintenant 4 ans que je collectionne, j’en suis arrivé à plusieurs conclusions, et l’une d’elles concerne les mains. Si l’on veut faire une figurine, au niveau des mains, la base, c’est une paire de mains symétriques en poings fermés.
C’EST LA BASE, et ça devrait être LA BASE TOUT LE TEMPS.
Le poing fermé pour un personnage qui se bat avec son corps, c’est le basic 101 : c’est le poing qui frappe, le poing qui attend, qui se prépare au combat, celui qui avance avec détermination, le poing qui sert de garde, c’est le poing qui fait des gestes forts.
C’est comme fournir à Vador un sabre laser, mais pas la main qui le tient. C’est con. Juste con.
Car ici, si on veut mettre en scène Darkseid frappant un adversaire comme Superman, et bien il ne peut pas. Il frappe avec une main fermée autour d’une lance qu’il n’a pas. Ou alors il frappe avec une main ouverte. Efficace n’est-ce pas ? J’y reviendrais dans un article dédié à la figurine, mais j’ai exactement le même problème avec ma BAF de Crimson Dynamo chez Marvel Legends. Main droite, c’est un poing fermé, main gauche ouverte. Et il n’y a qu’un jeu de mains. Le collectionneur, le modeste « toy photographe », et le fan que je suis, qu’est-ce qu’il fait ? Et bien il serre les dents, il achète la figurine, et il la pose dans une vitrine, maudit le fabricant, fin ou presque de l’histoire.
Et il en est donc de même pour le HS. L’avoir neutre, c’est très bien, c’est la base. Mais on parle de Darkseid, un personnage dont on voit les traits et les émotions, et par-dessus le marché, un personnage qu’on ne verra plus. Pour une marque comme McFarlane, cherchant toujours à se mettre au-dessus de la concurrence, est-ce là une façon honorable de traiter le personnage ?
Personnellement, ça me bute, et ça ne fait qu’ajouter du grain à moudre pour moi qui ne suis pas un “anti-McFarlane” mais clairement un “peu favorable à McFarlane”.
Et ça me bute d’autant plus, conclusion heureuse te voilà, car malgré tout, je suis heureux qu’une marque comme McFarlane existe !
Si McFarlane n’était pas là, je n’aurais pas cette figurine. Et ma seule option aurait été de passer à la résine, un monde que j’ai abandonné très rapidement pour plusieurs raisons sur lesquelles je reviendrais dans un édito. Mais quelque part, voilà, à 200/300€ une résine tout à fait acceptable (la Iron Studios), je me dis que ces 33€ auraient peut-être pu être mieux employés…
Et pourtant, voilà, on a tout pour faire un résultat accompli ! Des toe joints, un paint job plus qu’honorable, mais on a au final une articulée limitée au point de n’être presque qu’une résine.
ET. ÇA. ME. BUTE.
Car une articulée ne porte pas ce nom, ce concept, pour rien. Alors voilà, il va falloir emmerder les copains qui font de la 3D pour trouver un artiste capable de dupliquer le HS et de lui donner un expression d’action. Emmerder d’autres copains pour voir pour des poings fermés, etc. En bref, ça va être une purge (mais en un sens, c’est cool car écrire cet article m’a redonné l’énergie pour ça). Car non, renfermer les deux mains n’a pas été un succès, j’ai essayé, et mon exemplaire en porte les cicatrices.
Donc voilà. C’est un gâchis. C’est un triste gâchis. Surtout quand au final, on se rend compte que cette version, celle qui a le plus d’importance dans le flim, n’est en fait qu’une copie de la version de l’Âge des Héros, avec le plastron de son armure. ET. C’EST. TOUT.
C’est une arnaque totale, et c’est terriblement triste.
Et moi…